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1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 00:05

Nous fêtons cette année les trente ans du film mythique de Pierre Schoendoerffer Le crabe Tambour ( 1977 ) ; épopée militaire, austère et lyrique, à la gloire d’un héros ambigu de la guerre d’Indochine, pris dans le mouvement « Algérie française »…  

 



affiche-crabe.jpg

Affiche du Crabe Tambour : lyrisme et austérité




Accéder à la bande-annonce du Crabe Tambour en cliquant sur ce lien.


 

A cette occasion la Cinémathèque française consacrera une rétrospective à l’œuvre de Pierre Schoendoerffer, du 21 novembre au 2 décembre 2007. A ne surtout pas manquer : certains films programmés sont parfaitement introuvables en dvd/vhs…

 



schoendoerffer.jpg

Pierre Schoendoerrfer, réalisateur, écrivain

 

 
 


 

Dans la prochaine livraison de la Revue de Défense Nationale ( début octobre ), je signe une analyse de neuf pages sur le Crabe Tambour. En voici l’introduction, en avant-première.

 

 

« CRABE TAMBOUR » : trouver l’homme au bout de l’océan.
 

 

Par François-Xavier Ajavon.

 

 
 

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts,
et ceux qui sont en mer »

 

Platon

 

 

 

 

En 1977, il y a trente ans cette année, sortait sur les écrans français le long-métrage de Pierre Schoendoerffer Le Crabe Tambour, adapté de son roman éponyme, paru en librairie l’année précédente et couronné par le Grand Prix du roman de l’Académie française. Cette histoire de marins, complexe et philosophique, sur fond de quête insensée de l’homme et de nostalgie coloniale, fut un grand succès commercial. Il n’était pourtant pas aisé pour Schoendoerffer d’imposer son univers à une France des années 70, encore mollement contestataire et recroquevillée sur un tropisme pseudo-subversif né de mai 68. Quel est l’univers de Schoendoerffer ? Un monde perdu et idéalisé, contre-culturel, où des valeurs morales telles que la droiture et l’honneur l’emportent sur toute autre considération ; un univers très ancienne France, un peu en ruine, où des Institutions telles que l’église catholique et l’armée ont encore un prestige réel et une authentique autorité au sein de la société.

 

 

 

Pour Schoendoerffer ( engagé volontaire en Indochine en 1952 et prisonnier à Dien Bien Phu en 1954 ), la mise en scène de militaires est un moyen d’atteindre l’homme dans sa plus pure condition, et de s’interroger sur l’étendue de ses choix moraux : « J’ai choisi de montrer dans mes films des militaires (…) Ce qui m’intéresse dans la condition militaire, c’est que c’est une société sans profit, qui a une certaine rigueur intérieure, une organisation stricte, et cela m’a permis de pouvoir élaguer tout ce ‘petit quotidien’ qui ne m’intéressait pas ». Schoendoerffer avait déjà abordé plusieurs fois l’univers militaire ( 317 ème Section, en 1964, sur quelques épisodes de la guerre d’Indochine ) et il reviendra à cette thématique avec L’honneur d’un capitaine, en 1982, sur la guerre d’Algérie, puis avec Dien Bien Phu, en 1992 ; ou encore avec Là-haut ( Un roi au-dessus des nuages ), en 2004, sur la question de la mémoire de l’armée.

 

 

 

Avec le Crabe Tambour, Schoendoerffer donne sa plus fine réflexion morale et philosophique sur la condition humaine en général et la condition militaire en particulier, autour d’axiomes tels que l’honneur, le mépris de la mort, la prééminence de l’intérêt collectif sur les angoisses intimes, la liberté de conscience, ou encore la question ( et donc la remise en question ) du respect d’une autorité hiérarchique et politique.

 

 

 

La Marine Nationale, entre épopée et allégorie

 

 

 

Le Crabe Tambour raconte la quête presque mystique du commandant d’un escorteur d’escadre de la Marine Nationale ( le Jauréguiberry, dédié à l’assistance à la pêche sur les mers de Terre-Neuve ), qui – sur le point d’être emporté par un cancer - veut revoir une dernière fois un héros ambigu et légendaire des guerres coloniales françaises, devenu simple pêcheur, Willsdorff, surnommé le « Crabe Tambour ». Le film est construit autour du dialogue entre ce commandant ( joué par Jean Rochefort ) et le médecin de bord ( Claude Rich ), qui ont tout deux connu ce militaire atypique, quelque peu « anarchiste de droite », incontrôlable et poète… dialogue émaillé de flash-back sur le parcours du « Crabe Tambour » ( joué par Jacques Perrin ) depuis la guerre d’Indochine jusqu’à la guerre d’Algérie, durant laquelle son engagement en faveur de l’Algérie française après le putsch des généraux lui vaudra plusieurs années de prison. Cette narration croisée, entrecoupée de plans oniriques sur le Jauréguiberry fendant les flots, est ponctuée, aussi, d’incises poétiques sur le discours décousu du chef mécanicien ( joué par Jacques Dufilho ) témoignant, depuis le carré des officiers, de la morale catholique confuse de son « recteur fou », en  pays Bigouden.

 


(...)

 

La suite au mois d’octobre dans la Revue de Défense Nationale.



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